Elle approche la cinquantaine, elle est responsable de centres de profit dans un grand groupe du secteur tertiaire. Son expérience antécédente de plus de 15 ans suivie d’un licenciement économique puis d’un changement de région l’amène à s’interroger sur son évolution professionnelle.
Elle aime les challenges, ses résultats sont excellents et bien au-delà des attendus. Néanmoins, elle se sent tiraillée entre la culture de son entreprise, le type de management qui s’y incarne et ses propres valeurs. Bien qu’elle réussisse parfaitement, un management axé principalement sur les objectifs de résultats ne lui correspond plus. Cette situation génère de la frustration chez elle.
Elle souhaite être accompagnée dans sa réflexion d’évolution professionnelle. Elle désire pouvoir aborder avec sérénité sa deuxième partie de carrière en étant alignée sur ses valeurs et retrouver un équilibre vie professionnelle et vie personnelle.
Elle a besoin d’être valorisée dans son travail et que ses valeurs soient respectées. Elle a beaucoup à dire et peut monopoliser plus de dix minutes son temps de parole à chacune de ses interventions. Elle développe ses idées, décrit avec moult détails chaque situation avec un débit assez élevé. Elle exprime toutes ses frustrations, ses craintes, sa relation avec son N+1. Elle ne se sent ni écoutée ni comprise par sa hiérarchie. Elle analyse bien qu’elle n’est pas valorisée à la hauteur de ses excellents résultats. En même temps Elle n’a pas conscience de sa propre valeur. Elle n’est pas à l’écoute de ses ressentis, elle repart très vite dans la narration anecdotique de ce qu’elle vit professionnellement.
Dans ma stratégie, je lui propose de réfléchir en premier sur son rythme dans son poste actuel. Je l’accompagne en parallèle sur la préparation de son prochain entretien avec son N+1 car cette relation n’est pas fluide. Je l’invite à se recentrer régulièrement et à réfléchir sur ce qui constitue ses zones de pouvoir et d’influence dans sa relation avec son supérieur (Pascale Belorgey)dans « La boite à outils de la gestion du temps »). La donnée d’entrée (Steven Covey dans « Les 7 habitudes des gens qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent ») permet ainsi de clarifier sa marge de manœuvre pour agir de façon efficiente. Elle commence à explorer d’autres possibilités de rétroaction qu’elle peut donner, avec toutefois une forme de scepticisme au départ car elle pense que cela n’aura pas d’impact. Elle arrive au fur et à mesure à s’observer et à être attentive à ses réactions lors de ses interactions en réunion.
Lors d’une séance, alors qu’elle me partage une initiative qu’elle a menée avec brio une fois de plus, je l’interromps pour l’inviter à sentir ce qui se passe pour elle à l’instant présent et la questionne sur la valeur qu’elle se donne. Elle marque un temps et m’avoue qu’effectivement elle avait travaillé ce point en accompagnement thérapeutique. Elle réalise qu’elle minimise encore, voire banalise complétement ses réussites, tout comme le fait sa hiérarchie vis-à-vis d’elle… Au cours d’une autre séance, je la confronte sur le fait qu’elle laisse peu de place dans notre relation en parlant beaucoup et lui demande si cela peut faire miroir avec ce qu’elle vit avec son N+1. Et à ce moment-là, elle se met à rire, la bascule se fait.
En parallèle nous consacrons les prochaines séances à la visualisation de son projet souhaité d’évolution. Réticente au départ, elle arrive à se projeter et à imaginer les missions qu’elle aimerait mener et l’environnement idéal. Au fur et à mesure, elle prend conscience de ses ressources et de ses talents. Elle a réussi son entretien de carrière qu’elle a abordé avec sérénité et confiance.
Elle a rebondi sur une nouvelle opportunité professionnelle en externe et a pris de plus grandes responsabilités. Elle est épanouie dans son poste et se sent reconnue à sa juste valeur.